Meudon, exposition personnelle

"Les a priori sont toujours trompeurs. A priori on pourrait se faire de la sculpture de Vincent Batbedat une idée simpliste. Des tubes d'acier brillants, carrés, d'une pureté toute mécanique, pliés, soudés, assemblés en formes géométriques. Voici une sculpture issue du constructivisme dont la froideur n'a d'égale que la beauté formelle.

Vincent Batbedat serait-il un de ces artistes dont la rigueur fait naître des oeuvres dont la Raison est l'unique inspiratrice ?

Quand on a la chance de le rencontrer, on s'interroge. L'oeil malicieux, le verbe chantant, la poignée de main chaleureuse, Vincent Batbedat est loin d'être le doctrinaire que l'on pouvait imaginer. Puis on découvre ses pierres roses, finement travaillées, dans lesquels s'ouvrent des escaliers d'une infinie poésie. Des pierres à la surface miroitante où le soleil joue avec l'ombre. Est-ce la même main, le même esprit qui a taillé ces pierres frissonnantes et plié ces tubes d'inox ?

Il faut, dès lors, revenir aux sculptures d'acier, les regarder longuement, avec un oeil neuf. Derrière leur apparente froideur apparaît petit à petit un monde subtil. Avec une infinie pudeur, elles dévoilent des lieux de silence et de méditation dans lesquels il faut se couler pour en surprendre les résonances. Ces oeuvres qui semblaient de simples jeux de formes deviennent tout à coup des incitations à retrouver ce qui est primordial en chacun de nous, des accompagnements de la méditation.

Et comme par enchantement, tout se met en place, les pierres, les aciers, les dessins, les textes, les poèmes, les yeux malicieux et la poignée de main ; tout devient cohérent. L'oeuvre devient une et s'accorde avec l'homme. On prend soudain conscience que la sculpture de Vincent Batbedat nous est nécessaire. Dans notre monde troublé où tourbillonne l'inutilité vaine de nos actions désordonnées, elle nous apporte la sérénité et, plus encore, la possibilité de retrouver, dans les lieux qu'elle crée, l'harmonie perdue. En cela elle rejoint la musique. Même pureté, même exigence, même économie de moyens, mêmes règles volontairement imposées, la sculpture de Vincent Batbedat, comme la création musicale, nous entraîne vers des univers poétiques où, finalement, nous nous retrouvons nous-mêmes."

(Francis Villadier, introduction au catalogue)