” La plus belle parole est un silence circonscrit. Un tonneau vide ressemble fort à un objet inutile, à moins qu’on en fasse un tambour ; alors il chante, ce qu’il est incapable de faire quand il est plein et satisfait de lui-même.
Batbedat se penche sur le vide, et le vide lui renvoie son image : pulvis es, tu es poussière – il ne reste plus au sculpteur qu’à travailler pour rien, à donner un cadre à ce rien ou une armure.
Comme dans la vie : l’accessoire et le fortuit prennent plus de place que l’essentiel. Ce n’est pas la chose qui compte, mais le comment, sa manière de se présenter dans le contexte. Les cubes de Batbedat ont pour objet l’espace et, dans l’espace, ils veulent isoler le vide. Un vide qui est ce vide là, une raison de son armure, de sa ponctuation ; un silence qui est ce silence là en raison de l’écho.
Tout l’art n’est peut-être qu’une approche de la parole inouïe, de la parole inaudible. Je veux dire celle dont l’écho porte loin.”
Michel Seuphor
(Exposition de V.Batbedat, Musée de Chartres, 1975)
ci-dessus : M.Seuphor : “Mythologies imaginaires”, planche de l’album.
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photo en-tête extraite d’un entretien avec M.Seuphor : ici
ci-dessus : V.Batbedat : Sourire II, sérigraphie